Liger – aquam memoria
Retour à Saint Mathurin sur Loire, commune de Loire Authion à quelques kilomètres d’Angers. J’arrive pour trois semaines d’expo personnelle et une partie expo « évolutive » avec un projet que je souhaite mener à bien sur place. Je m’installe donc dans cette galerie divisée en trois salles, la dernière étant donc aménagée en atelier.
le niveau bas de la Loire laisse apparaître les bancs de sable, une importante végétation y pousse depuis quelques mois, on peut rapidement imaginer ce que serait l’endroit si l’eau disparaissait… Au milieu de la Loire j’imagine qu’à son niveau habituel, l’eau devrait être à deux mètres au dessus de ma tête, à mes pieds je trouve des fossiles de dents de poissons préhistoriques, ou de coraux des temps anciens… Il y a la fois la preuve de la puissance de l’eau et le constat de sa fragilité.
Je me suis demandé si l’eau était toujours présente dans l’adn de ces différents éléments qui apparaissait quand l’eau disparaissait.
De plus en plus intéressé par la création pure et primitive, pour me forcer à n’être pas influencé par le matériel, je décide de prendre de l’argile du lit de rivière comme pigment, et de me faire des pinceaux avec les différentes espèces de végétaux poussant sur ces bancs de sable sec.
Très rapidement, les essais sont concluants et j’ai pu passer à la réalisation d’œuvres sur papier.
Lors d’une précédente résidence, j’avais réalisé une collecte de papiers personnels des gens de la commune. Cette matière m’avait permis de réaliser des feuilles de papier artisanal. Il m’en restait toujours et j’avais en venant l’intention de les utiliser, puisqu’elles avaient symboliquement bien plus de valeur ici qu’ailleurs.
Les réalisations finales sont un mélange de photo et de peinture à l’argile sur papier fin réalisé avec des pinceaux primitifs. Des variations aquatiques sont bien apparues, peut être n’est ce que le pouvoir de suggestion des œuvres d’abstraction, mais j’aime à croire que la Loire disparue a œuvré avec moi à ce projet.